Face au coronavirus (Covid-19), le rap marocain encaisse difficilement. Mais cette crise sanitaire pourrait, contre toute attente, le rendre plus fort.
L’épidémie de Covid-19 frappe de plein fouet le Royaume depuis le début du mois de mars. Le confinement et les restrictions sanitaires ont provoqué l’arrêt partiel de plusieurs secteurs. Si les acteurs culturels sont particulièrement touchés par cette crise sanitaire, l’industrie du rap marocain semble complètement perdue. Sonnée par l’imprévisibilité et la dangerosité du coronavirus, elle donne l’impression d’être proche du K.O.
Alors qu’un grand nombre de médias français spécialisés dans la musique louaient, avant l’apparition du coronavirus, la richesse de la scène rap marocaine, celle-ci a aujourd’hui du mal à se faire entendre. Comme si elle avait perdu son énergie débordante et son envie de “bien faire”. Comme si les informations anxiogènes qui défilent sur le JT de nos deux chaînes nationales avaient fini par avoir raison de sa créativité.
Le bateau coule
Il faut dire que depuis le début d’année, on assiste, bouche-bée, à l’annulation de tous les évènements culturels, concerts, festivals et showcases. Dès l’identification des premiers cas de contaminations au coronavirus au Maroc, l’actualité rap a été presque entièrement délaissée. Même la consommation mondiale du streaming musical a chuté, alors que personne ne s’y attendait. Mais ce n’est pas tout.
Vu les mesures prises par le gouvernement de Saâdeddine El Othmani et les différents gestes barrières qui permettent de faire face à la Covid-19, beaucoup de sorties ont été mises en stand-by. Une situation qui s’explique sans doute par l’impossibilité de tourner des clips en extérieur et/ou l’incapacité de réserver des séances d’enregistrement dans un studio. Heureusement, les rappeurs ont fini par prendre leur avenir en main.
Le rap marocain à l’heure du télétravail
Comme beaucoup de nos citoyens, les “Master of Ceremony” ont du se mettre à l’heure du télétravail. Confinés, les artistes marocains ont été à l’origine de belles initiatives. Pour rester proche de leur public, la majorité des acteurs de la scène rap marocaine ont misé sur les réseaux sociaux, notamment Instagram. Chaque soir, nos artistes préférés organisaient des lives inédits divertissants ou informatifs. Excusez du peu.
Alors que certains n’ont pas hésité à nous proposer des freestyles spécial confinement ou encore des séances de composition en live, d’autres ont su profiter de cette période pour sortir leurs projets. C’est le cas par exemple de Madd et son excellent Black Rose. Ou encore Moro qui nous a régalé avec plusieurs sorties sur sa chaîne Youtube.
Et maintenant ?
L’innovation a toujours été la meilleure alliée des rappeurs. Surtout au Maroc, là où ces artistes cartonnent au grand dam des autorités. Là où les subventions étatiques dribblent les MC avec la dextérité d’un Hakim Ziyech. Mais le fait de repousser les limites de la communication a été accentué avec la Covid-19.
“Le confort tue, l’inconfort crée”, cette phrase de Jean Cocteau semble reflétait aujourd’hui l’état d’esprit de nos rappeurs. Car en attendant un avenir qu’on espère radieux, la scène rap marocaine doit continuer à se réinventer, s’émanciper, créer et briller. C’est peut-être finalement sa meilleure chance de vaincre ce maudit virus.